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Je suis née en août 1989, année de la chute du mur de Berlin. Issue de la génération Erasmus, j’ai suivi des études d’agronomie et de géographie en France et au Danemark. Depuis une dizaine d’années, je parcours la France, l’Europe et la Russie, et y photographie, en parallèle de mes activités professionnelles intermittentes.

Contact : agathe.martinod@gmail.com

Facebook : agathe martinod - photographies

"Gris colorés, gris bleu, bleu pâle… C’est une palette en demi-tons, teintée de brouillard et de nostalgie, que les clichés d’Agathe Martinod nous livrent. L’artiste a vécu un an durant dans la ville du Havre. Un an durant, mais ce qui surtout l’a sollicitée, c’est le hors-saison… Lorsque les ciels sont moins bleu ciel, lorsque l’atmosphère est plus fraîche, plus humide aussi, lorsque les plages se sont vidées de leurs foules d’estivants, lorsqu’il n’y a plus que du sable, des galets, le clapot des vagues, le criaillement des mouettes et l’aboi de quelques chiens… L’espace est rendu à lui-même et c’est ce qui séduit Agathe Martinod.

Les larges étendues planes de la plage, avec l’océan ou les immeubles de la grand-ville en ligne à l’horizon, offrent à la photographe un formidable terrain de jeux plastiques et formels. Une route qui mène au bord de l’eau, un sentier en caillebotis qui traverse la plage, une poubelle de couleur vive plantée au milieu de nulle part, quelques cabanes : il n’en faut guère davantage pour composer l’image, offrir ses lignes de fuite et ses repères focaux à la prise de vue. Agathe Martinod aime les cadrages épurés, la rigueur géométrique, les axes de symétrie, les horizontales, les diagonales, l’harmonie d’un soudain arrondi dans cette ordonnance orthogonale. Les perspectives courent loin, jusqu’à ce point nodal, qu’on ne voit pas, qu’on imagine, et la Terre paraît soudain aussi vaste, aussi ouverte, que le ciel. De temps à autre, un élément de mobilier urbain (poteau, lampadaire, hampe de drapeau) ajoute un petit signal vertical sur ce paysage étale.

Et lorsque Agathe Martinod ne photographie pas la plage, c’est qu’elle photographie des campings – délaissés, eux aussi. Caravanes inoccupées, comme abandonnées, emplacements vacants, baraques inexploitées : c’est le sentiment du vide, décidément, qui fascine la photographe. Non pas la vacuité morale, mais une vacuité spatiale qui étend le regard à tous les possibles. Et pas non plus l’abandon définitif, mais l’espace en suspens, qui retient son souffle jusqu’à la prochaine migration vacancière. Les gens ne sont plus là, mais leur cœur y est resté. Les humains ont beau être absents, l’image est pleine d’humanité. Comme si la modestie des lieux était proportionnelle à leur charge affective… Il y a de la tendresse, dans ces photographies. D’autant qu’Agathe Martinod a fait le choix de tirages de petits formats, conférant du coup à ces clichés un surcroît d’intimité. Les brumes sont-elles sur l’image, ou bien sont-elles dans notre cœur ?"

Jean-Louis Roux, Les Affiches de Grenoble  (19/01/2022)

" Des images pleines d’espaces vides et de silences aussi poétiques que salutaires. Avec trois fois rien et quelques détails savoureux, l’ambiance singulière de ces lieux touristiques à l’arrêt envoûtera les agoraphobes (et nous avec). Derrière des brumes dans lesquelles se perdent les silhouettes de quelques promeneurs égarés, les immeubles de front de mer apparaissent fantomatiques tandis que sur la plage de valeureux joueurs de pétanque affrontent la brise et que, au loin, des pêcheurs savourent enfin le calme propice à leur activité favorite. Disséminées sur la grève désolée, les infrastructures en vacance de touristes semblent ne rien avoir à faire ici : partiellement délabrés des caillebottis de bois mènent nulle part, parachutées au hasard, les architectures sans qualité des postes de secours viennent rompre la continuité de la ligne d’horizon et on ne comprend pas la raison d’être de tout un tas de barrières… C’est finalement l’espace déserté, la surface du sable, qui occupe l’essentiel de la surface photographique et tout comme celle-ci, elle réagit aux jeux de lumière. Ceci d’autant plus que, sur le sable fraîchement humide, le chatoiement du ciel s’y reflète en mille miroitements. La mer, quant à elle, s’est retirée, comme si elle aussi prenait des vacances. "

Benjamin Bardinet, Le petit bulletin (18/01/2022)

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